Rapport spécial
Des familles poussées jusqu’à leurs limites

Nous avons choisi Jeyarani pour la page de couverture, son histoire est l’exemple de ce qu’endurent les familles. Elles vivent de véritables traumatismes. Les dettes les séparent, avec des conséquences catastrophiques. Leur vécu n’est que trop courant. L’association (LEFC, Lanka Evangelical Fellowship of Churches) fait tout ce qu’elle peut pour que les familles restent réunies.
Que s’est-il passé ? De quelle façon nos églises sont-elles affectées ? Après une guerre civile qui a duré vingt-cinq ans puis, lors de ces dernières années, avec de maigres récoltes ou pas de récoltes du tout, les familles vivant en milieu rural se sont de plus en plus endettées. Le fait que beaucoup d’agriculteurs aient cessé d’exploiter leurs terres, a mis au chômage les ouvriers, forçant ceux-ci à aller chercher désespérément du travail dans les villes ou à l’étranger, ce qui ne leur permet pas de fréquenter leurs églises. Certaines femmes s’en vont au Moyen-Orient. De ce fait, nos églises sont moins fréquentées.
L’impact sur les familles et sur les églises est très dommageable. À cause de ces longues périodes de séparations, hommes et femmes tombent souvent dans le péché d’ordre sexuel, les mariages sont brisés. Quand les femmes travaillent à l’étranger ou n’arrivent simplement pas à faire face à leur situation, après le départ de leurs maris, étant les seules à gagner la vie de la famille, elles placent leurs enfants chez de la parenté ou chez des amis, mais ils sont négligés.
Nous avons beaucoup de soucis concernant la situation de ces familles, l’avenir de celles-ci et des églises.
Et la sécheresse ?
Malheureusement, si dans une certaine mesure, la situation est meilleure que l’année passée, d’un autre côté, c’est pire. Nous avons été encouragés par les pluies, mais elles ont cessé six semaines avant la principale récolte de riz de cette année. Par conséquent, sur un total de 144 hectares de riz planté par l’association des églises, 106 ont été perdus (74 %).

Prenant conscience que la nourriture allait être peu abondante plus tard dans l’année, nous avons essayé de maximiser la production alimentaire en profitant de l’eau qui restait dans les puits. Tous les terrains de l’association ont été préparés et cultivés. Des conseils ont été demandé au Ministère de l’agriculture pour obtenir la meilleure qualité de semence, résistante à la sécheresse. Les pluies en dehors de la saison ayant été plus abondantes que nous l’avions prévu, ce printemps, des légumes et des cacahuètes ont pu être récoltés. Bien que cela représente une grande aide à court terme, ça ne remplace pas le riz, aliment de base.
L’été a été très chaud et sec. Beaucoup de denrées alimentaires ont vu leur prix doubler, en particulier les légumes. Les animaux périssent et l’eau qui reste dans la plupart des puits est non potable. Sur le plan social, les conséquences d’une autre année de souffrance, après l’année dernière, sont désastreuses.
Comment l’association LEFC peut-elle aider les familles et les églises à rester ensemble ?
En tant que chrétiens, nous avons besoin d’être guidés et soutenus par Dieu alors que nous apportons une aide concrète à nos frères et sœurs au Sri Lanka.
L’association fait tout ce qu’elle peut pour que les familles soient en mesure de participer aux rencontres des églises, en apportant son aide pour que les villageois puissent vivre normalement. Du point de vue culturel et d’une façon pratique, les gens éprouvent de grande difficultés à vivre loin de chez eux.
L’aide concerne les besoins essentiels tels que l’eau, la nourriture, le logement, les soins médicaux et les vêtements. Mais nous mettons aussi en place l’aide pour l’emploi existant ou l’offre de nouveaux emplois.
Les projets incluent :
- Le forage ou l’agrandissement de vingt-huit puits afin de pouvoir continuer à travailler durant la croissance des cultures.
- L’achat de plusieurs terrains, à cultiver par les membres d’églises.
- L’encouragement à la création de petites entreprises, par exemple, de jardins potagers (petites propriétés), d’élevages de chèvres, de volailles, la pêche et plus encore, diminuant la dépendance aux récoltes de riz.
Un soutien financier inestimable/h5>
Le soutien financier reçu de l’étranger durant cette dernière année représente une aide considérable pour les familles et les églises. Elles sont très reconnaissantes. Ci-dessous, quelques commentaires :
« Nous remercions Dieu pour l’amour et la préoccupation de nos frères et sœurs de l’étranger. Je me sens privilégié que nous, à Kekirawa, soyons unis à des chrétiens du Royaume-Uni, d’Allemagne, de Malaisie, d’Inde et du Sri Lanka dans l’avancement du Royaume de Dieu » – Pasteur Samaracon (Kekirawa)
« Quelques-uns des nouveaux convertis étaient particulièrement touchés par l’amour et l’attention manifestés par les églises. Ils nous ont dit que c’était la première fois que des inconnus leur témoignaient de la gentillesse » – Notre frère Yoganathan (Haputale)
« Nous remercions nos frères et sœurs de l’étranger dont l’amour et l’attention ont été immenses. Nous prions afin que Dieu les bénisse abondamment » – Notre frère Mylanantham (Kallappaadu)
Comment soutenir encore les églises ?
Toute aide est très appréciée. Cela pour des besoins de première nécessité, ou pour des demandes de financement pour des emplois indépendants. Pour ce soutien, nous pourrions nous associer avec une église sœur.

Les missionnaires des églises visitent toutes les familles afin d’évaluer leurs besoins. Ils envoient un rapport au bureau à 6 Mile Post, avec des détails sur leur histoire ainsi que sur l’aide à donner. Ces demandes ont la priorité, dès que les fonds sont à disposition, l’aide financière est accordée.
Des détails au sujet des demandes de financements pour démarrer des entreprises indépendantes sont à disposition. Se référer aux informations pour nous contacter. Merci de prier pour ces églises afin que le Seigneur fortifie leur foi dans ces temps d’épreuves.
« Remets ton sort à l’Éternel, et il te soutiendra, il ne laissera jamais chanceler le juste. »
Psaume 55.23
Jeyarani : la pauvreté, l’abus et une vie de traumatismes
La famille de Jeyarani s’est endettée. Cette famille pensait que la seule solution pour elle était de partir au Moyen-Orient comme femme de ménage, mais les conséquences furent dramatiques pour eux.
Jeyarani est mariée à Jothirajah, ils ont quatre enfants. Elle a grandi dans toute la tradition hindoue. Elle pratiquait tous les rituels : la sorcellerie, la dance du diable, l’horoscope, etc.
Après bien des souffrances durant la guerre civile, ils ont déménagé à Vishvamadu. C’est là qu’ils commencèrent à fréquenter l’église. Elle a été baptisée en 2012. Elle et son mari ont pris une part active à l’œuvre chrétienne. Son mari, presque aveugle, ne peut pas travailler, elle doit donc pourvoir aux besoins de la famille en labourant.
Départ pour le Moyen-Orient
Cependant, le travail ne fut pas régulier, elle ne pouvait pas gagner suffisamment pour tous les besoins
de la famille. Ils se sont endettés et finirent dans une extrême pauvreté. Elle passa par une période de dépression. Désespérée, elle a décidé de se rendre en Arabie Saoudite pour travailler chez des musulmans, par l’entremise d’un agent.
Jeyarani reçu un avancement de salaire qu’elle donna à sa famille avant de quitter la maison, en larmes. Toute la famille l’a accompagnée à l’aéroport, dans un grand désarroi.
Tribulations
C’est progressivement que la famille s’est retrouvée séparée. Sa sœur Thivya fut placée chez un cousin, à cinquante kilomètres de chez elle. Devenue malade et ne recevant pas de soins médicaux suffisants, son
état empira, donnant beaucoup de soucis à sa mère. L’aîné s’écarta du droit chemin, se maria avec une non-croyante à l’âge de 19 ans et cessa progressivement de fréquenter les cultes de l’église. Il ne resta que le père et le fils cadet, Jothirajah, dans la maison, alors que les autres membres se trouvaient dans différents endroits, vivant à leur manière. La scolarité du cadet fut affectée, ses parents ne pouvant guère prendre de l’intérêt pour ses progrès.
Abusée par son employeur
Au début, Jeyarani envoyait de l’argent chaque mois, mais avec le temps, le maître de maison tardait à verser son salaire. Ne recevant rien, la famille se retrouvait devant le refus des commerçants de leur donner de quoi se nourrir.
Dans le même temps, le maître de maison maltraita Jerayani et abusa d’elle alors que sa femme était à l’extérieur. Elle était très déprimée, seule, pensant et criant au Seigneur à propos de sa situation désespérée.
Elle pensait à sa vie au Sri Lanka quand (alors même qu’ils n’avaient qu’un repas par jour), ils étaient
réunis en famille, se réjouissantdans le Seigneur. Dans cette maison, elle était seule. Ne comprenant que très peu l’arabe, elle était intimidée quand elle devait demander qu’on lui explique à nouveau quelque chose.
Elle ne pouvait guère se reposer, n’ayant pas même l’opportunité de dormir suffisamment, même si elle était très malade. Elle n’avait droit de manger que les restes, commençait son travail tôt le matin, jusqu’à tard le soir, sans pause.
Des traumatismes qui doivent encore être guéris
Elle pensait rester en Arabie Saoudite trois ans, mais elle rentra au Sri Lanka après deux ans.
Aujourd’hui, elle est toujours dans une extrême pauvreté et dans l’épreuve, mais elle est heureuse d’avoir retrouvé ses enfants. L’association des églises lui a donné une chèvre et un jardin potager, qui pourront être source de revenus. Malheureusement, son mariage à été très affecté par ces évènements. Merci de prier pour que son mari se rapproche de Dieu et pour leur couple. Que les cicatrices que la famille doit endurer soient guéries.