La vie de Jeyakanth. Historique de l’Association LEFC – Première partie

Jeunesse

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Premier d’une série d’articles sur la vie de Jeyakanth et sur l’association LEFC (Lanka Evangelical Fellowship of Churches). Conversion. Les dangers auxquels il a fait face alors qu’il commençait d’évangéliser

Jeyakanth est né en 1971. Il a été élevé dans une famille tamoule et hindoue. Son foyer n’avait pas l’électricité. Un soir, alors qu’il faisait ses devoirs dehors, à la lumière de la rue, un chrétien lui rendit témoignage. Malgré sa colère initiale, le message l’affecta beaucoup et, à l’âge de 14 ans, il s’est tourné vers Christ. Malgré son jeune âge, il était très zélé et parlait courageusement de Christ aux autres.

Témoignant à des gitans rejetés

En 1987, juste âgé de 16 ans, il se rendit au village hindou de Trincomalee, près de chez lui, pour partager la bonne nouvelle de Jésus. Il ne fut pas dissuadé par l’opposition considérable et les dangers de la guerre civile qui faisait rage dans la région. Il visita en particulier le village de Thampalagamam, à 32 km de Trincomalee, en particulier une communauté de gitans telegu. Ils vivaient d’une façon assez primitive, sous des arbres, gagnant leur vie par la chiromancie et la voyance. Jeyakanth apprit le telegu, langue orale parlée par seulement quelques milliers de personnes au Sri Lanka et par ces gitans.

Persécuté pour son zèle

Au début, l’évangile provoqua une forte opposition. Certains l’accusèrent d’être un escroc cherchant à les tromper. Il y eu même une campagne d’affichages contre lui, affirmant qu’il voulait prendre les yeux de leurs enfants pour les vendre à l’étranger ! Des jeunes gens se sont approché de lui avec des bâtons et des fouets en métal, pour l’intimider. Il l’ont malmené, lui ont dit qu’ils ne voulaient pas de chrétiens chez eux et l’ont menacé de mort s’il revenait. Il l’ont fait venir pour un entretien avec les responsables du village et les Tigres tamouls, ceux-ci lui ont conseillé de ne plus prêcher. Par conséquent, Jeyakanth ne prêcha plus ouvertement, mais rencontra plutôt les gens en secret. Le premier converti fut un médecin catholique, qui ensuite mis sa maison a disposition pour que, de là, il puisse continuer de témoigner.

L’opposition était si forte que certains villageois avaient planifié secrètement de le tuer. Cependant, Dieu le protégea. Malgré d’autres avertissements de la part des autorités, il continua à témoigner de Christ.

La guerre civile

Il y avait une guerre en cours au Sri Lanka, qui dura de 1982 à 2009, entre la majorité cinghalaise, soutenue par le gouvernement et la minorité tamoule, qui revendique l’indépendance.

Thampalagamam était une région contrôlée par les Tigres tamouls et en 1990, quand les hostilités reprirent, le village fut détruit. La plupart des villageois ont fuit dans la jungle pour se cacher aux yeux des forces gouvernementales. Du jour au lendemain, il ne fut plus possible, pour la nouvelle église, de se réunir dans la maison du médecin.

Jeyakanth se retrouva sans domicile. Pris entre les factions belligérantes, avec d’un côté les villageois hindous et les Tigres tamouls, qui s’opposaient à son œuvre, et les forces gouvernementales, de l’autre. Il s’est senti exposé, vulnérable et craignit pour sa vie. Mais Dieu a fidèlement pourvu. Le médecin chrétien qui fut son premier converti lui trouva un endroit où il pu rester, près d’un village hindou. À cette époque, Jeyakanth eut beaucoup de contacts dans la jungle, il pouvait témoigner librement, sans opposition. Dans le désespoir et la crainte, les gens étaient très ouverts à l’évangile, beaucoup se convertirent.

Accusé de faire partie des Tigres tamouls

Quelques semaines plus tard, les musulmans de la région ont répandu des rumeurs, prétendant qu’il était un Tigre tamoul. C’était une situation terrifiante, car il savait que le gouvernement allait venir le
chercher. Il se cacha dans une petite cave, sous la maison du médecin et ne sorti que brièvement, la nuit.

Après deux semaines passées seul, dans la cave, Jeyakanth entendit une voix audible qu’il sut venir de Dieu : « N’aie pas peur, Je suis avec toi, je vais envoyer un ange devant toi ». La peur l’a quitté, il s’est senti fortifié par Dieu. Sorti de la cave, il a dit au médecin qu’il allait rejoindre le camp
militaire. Sachant qu’ils le trouveraient tôt ou tard, il se disait qu’il valait mieux aller à leur rencontre, espérant sur leur clémence.

À vélo, en descendant les rues jusqu’au camp, il vit des cadavres le long d’une route, se faire manger par des chiens sauvages et des corbeaux. Il sentit tout son corps trembler et commença à pleurer.

L’ennemi le prend en amitié

Par la providence extraordinaire de Dieu, le commandant sortait du camp quand Jeyakanth entra. Dans des
circonstances normales, il n’y avait pas de possibilité, pour un jeune hindou, d’avoir un entretien avec le commandant. Il arrêta Jeyakanth et lui demanda son identité. Il répondit qu’il était pasteur et prédicateur, un chrétien essayant d’aider les gens de Thampalagamam, qui ne pouvait pas
retourner chez lui, à Trincomalee, à cause de la guerre et craignait de revenir dans la maison à Thampalagamam, pour prendre les affaires qu’il avait laissées. Le commandant lui permit d’aller chercher ses effets personnels. Alors qu’il s’en allait, il ne remarqua pas que le commandant le suivit à une certaine distance, avec des jumelles.

« Il vit des cadavres le long d’une route, se faire manger par des chiens sauvages et des corbeaux, il sentit tout son corps trembler et commença à pleurer. »

Alors qu’il atteignait la périphérie de Thampalagamam, il fut approché par un groupe de villageois cinghalais. C’était les hommes que le gouvernement avait employés pour infiltrer la communauté gitane et ils revenaient pour piller le village. Un des leurs lui demanda, en cinghalais : « Y a-t-il des Tigres dans le village ? » Ils voulaient savoir s’ils pouvaient le piller sans crainte. Jeyakanth avait très peur, dès qu’ils découvriraient son identité, ils le suspecteraient d’être un Tigre tamoul et essayeraient de le tuer. Parlant couramment le cinghalais, il adopta l’attitude d’un officiel, et dit d’une voix forte : « Comment pourrais-je le savoir ?»

À ce moment, le commandant apparu et s’approcha du groupe. Témoin de toute la conversation, il était très fâché contre les villageois, les accusant de donner ainsi une mauvaise image du gouvernement. Il ordonna à ses soldats de les battre et les averti de ce qui pourraient leur arriver s’ils pillaient le village.

Face à une mort probable

Le commandant se tourna vers Jeyakanth, l’appelant père, terme employé pour tout chrétien ayant une position d’autorité. Il lui ordonna d’aller chercher ses affaires et de rejoindre ensuite le camp militaire. Cela effraya Jeyakanth, car être intégré dans un camp militaire signifiait une mort certaine. Mais n’ayant pas d’autres options ni d’autre endroit où aller, il prit ses affaires et rejoignit le camp.

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