Attentats au Sri Lanka

Intensification de la violence

Un couvre-feu national a été imposé au Sri Lanka pour deux nuits de suite après les pires accès de violence contre les musulmans, depuis les attentats de Pâques. Les musulmans, qui représentent 10 % de la population, sont pris pour cible. Des mosquées et des magasins leur appartenant ont été vandalisés ou incendiés. Un musulman a été tailladé à mort. La police a arrêté soixante personnes, dont le chef d’un groupe bouddhiste d’extrême droite. Les Nations unies ont appelé au calme et au « rejet de la haine ». Un couvre-feu national a été déclaré pour une seconde nuit, mardi à 21 heures. La province nord-ouest du pays, où les pires violences ont éclaté, sera fermée plus longtemps, a indiqué la police. Pour tenter d’empêcher la diffusion de la violence, les médias ne sont plus autorisés. En attendant, le chef de l’opposition, Mahinda Rajapakse, a affirmé que les services de renseignements avaient informé les forces de sécurité d’un attentat qui aurait dû avoir lieu le 13 mai.  

Des gardes armés pour les Églises

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Le Gouvernement a conseillé aux Églises d’annuler leurs rencontres, mais si elles désirent les maintenir, elles leur enverront des soldats ou des policiers armés. Les cinquante-trois Églises de l’association LEFC continuent de se réunir et bénéficient de gardes armés. Cependant, quelques jeunes chrétiens et non-chrétiens ont trop peur de se rendre aux rencontres. Beaucoup n’envoient pas leurs enfants à l’école du dimanche. La plus grande Église, à Thampalagaman, où 350 personnes se réunissent, a été informée que quelques musulmans se sont renseignés sur son emplacement. Après avoir averti la police, huit soldats et cinq policiers ont été envoyés pour protéger l’Église durant les trois derniers dimanches. Les soldats demandaient un culte de trente minutes, mais Jeyakanth a insisté pour que celui-ci puisse durer une heure et demie, comme d’habitude. L’Église a dû annuler les rencontres du dimanche soir et celles de la semaine, les gardes n’étant mis à disposition qu’une fois par semaine. De ce fait, les réunions ont lieu dans cinq ou six maisons.    

Trop effrayés pour se rendre à l’école

Bien que les écoles soient de nouveau ouvertes pour le degré six et au-dessus, depuis le 6 mai, seulement 10 % des élèves se sont rendus à l’école cette semaine. Bien des personnes ont exprimé des réserves quant à la réouverture des écoles dans la situation actuelle. La plupart avaient trop peur pour leurs enfants. Le chef de l’opposition pense qu’il serait injuste de la part du Gouvernement, d’envoyer sur les routes, quatre millions d’enfants, représentant l’avenir du pays. Il a ajouté que même avec des véhicules blindés obtenus par les politiciens et les forces de sécurité, les enfants ne sont pas en sécurité.  

Soutien à la famille de Santhakumar

LEFC (l’association des Églises Lanka Evangelical) a des contacts réguliers, par Santhakumar, avec l’Église Zion, à Batticaloa. Nous avons pu offrir de l’aide à plus de vingt familles, sur le plan médical, pour de la nourriture et pour des frais funéraires. Bien que Santhakumar et son épouse soient troublés par des incroyants affirmant que la mort de leurs enfants est un jugement de Dieu, leur foi demeure extraordinairement forte. Ils peuvent dire : ‘Dieu a pris nos enfants en son temps, vous ne pouvez pas douter de Dieu’.  

Chômage important

Au sujet des musulmans, il y a beaucoup de méfiance et de peur. En général, ils sont commerçants, les employés non-musulmans craignent de travailler pour eux, ne sachant pas lesquels sont impliqués avec l’État islamique. Les emplois journaliers se font aussi rares, personne ne désire commencer à travailler pour ce qui n’est pas essentiel. Ils attendent que la situation se calme. La plupart des hommes de nos Églises ont quitté leur village pour chercher du travail, souvent pour se rendre dans de grandes villes comme Colombo. Presque tous sont revenus, sans avoir trouvé un emploi. Ils en sont réduits à vendre le peu qu’ils ont ou, pour survivre, à contracter des dettes, mais cette solution réduit encore leur liberté. Si la situation se prolonge, cela aura de graves conséquences. L’association des Églises évalue les besoins et offre autant d’aide que possible. Les dons reçus suite à notre appel furent un soutien inestimable.  

Élections et incertitudes pour le futur

Les élections se rapprochant, il y a une méfiance générale envers les politiciens et le sentiment qu’ils couvrent certains faits. Certains chefs politiques musulmans ont été accusés de soutenir secrètement l’État islamique et d’avoir eu des liens très étroits avec les auteurs des attentats. Les sentiments antimusulmans ne diminuent pas. La population craint que le chef de l’opposition, Rajapakse, revienne au pouvoir. Il a anéanti impitoyablement les Tamouls pour mettre fin à la guerre civile, en 2009. Les récents attentats ont ravivé toutes les peurs lors de ce conflit, pour un grand nombre de personnes. Le Gouvernement prédit qu’il faudra deux ans pour faire la lumière sur ces évènements et revenir à une situation normale.